« À vélo » ou « en vélo » ?

Alors quoi ? est-il conseillé, critiqué, interdit, blasphématoire… d’utiliser l’expression à/en vélo ? Vaste débat. Il n’a de cesse d’être relancé sur les forums. D’ailleurs, j’ai retrouvé une émission du Jeu des dictionnaires où Jacques Mercier (grand amateur de langue française) se fait reprendre sur le sujet (1’05). Il faudrait dire « à moto ». Élémentaire mon cher Jacques.

Autrefois, le en valait pour les moyens de locomotion dans lesquels on entrait, et le à pour ceux qu’on enfourchait/montait. Le « en » est une contraction de dans la, dans le. Dès lors, on se déplace à vélo, à moto, à cheval, et même à ski. Cette règle (?) est confirmée par l’Académie française.

L’Académie française recommande de réserver la préposition « en » aux véhicules ou aux moyens de transport dans lesquels on peut s’installer, prendre place: partir en voiture, en train, en bateau. Dans les autres cas, c’est la préposition « à » qui sera employée : se déplacer à bicyclette, à vélo, à moto ; une randonnée à cheval ; faire une descente à ski.

L’Académie recommande, cela ne veut pas dire que la formulation est fautive. Les animaux – et en particulier les équidés – sont-ils considérés comme un moyen de transport ? Quid des chaussures, des skis… aux yeux de cette argumentation ? L’emploi de la préposition dépend de la manière dont on occupe l’espace. On roule à vélo mais en triporteur ? De même, on se déplace à moto mais en side-car ? Et le conducteur de calèche, il s’installe ou pas ? Difficile de trancher.

Que nous dit le Larousse en ligne (source) ?

En principe, on doit utiliser « à » quand il s’agit d’un véhicule que l’on enfourche (aller à vélo, à moto) et « en » quand il s’agit d’un véhicule à l’intérieur duquel les passagers se trouvent: ‘aller en voiture, en bateau’. Il faut donc dire aller ‘à vélo’ et non ‘en vélo’. Cependant, dans l’usage familier, « en » tend à supplanter « à ». Dans l’expression soignée, dire ou écrire: promenade à bicyclette, y aller à vélo, partir à moto, etc.

Le Larousse n’est pas plus rassurant sur l’usage. Que sous-entend le « en principe, on doit » ? Plus loin, l’injonction il faut est synonyme de faute, tout du moins pour le registre soutenu.

Allez, une troisième source pour essayer d’y voir plus clair avec le nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne (Hanse).

On a opposé légitimement « à cheval » à « en voiture », mais on a prétendu que « en » ne pouvait signifier que « dans »: en auto, en train. On dit pourtant fort bien « en » ou « à bicyclette, vélo, moto, ski ». On dit toujours « en bécane, en tandem, en scooter, en patins, en traîneau ». Devant un article, un adjectif démonstratif ou possessif ou un nombre, on dit « sur »: sur sa bicyclette, sur une bécane, etc.

Ah ! Je ne sais toujours pas ce qu’il convient de dire. Et que dit le Bordas ?

On emploiera « à » dans les cas où l’on enfourche un animal ou un véhicule: monter à cheval, rouler à bicyclette, à moto. Dans la langue soignée, on évitera « en bicyclette, en vélo, en moto ». De même, on préférera « à skis » à « en skis ».

Pas facile tout ça. Alors, on se déplace à/en calèche, à/en side-car, à/en balai (à la manière d’Harry Potter), à/en tapis volant, à/en Segway, à/en skis, à/en triporteur, à/en pousse-pousse, à/en roller, à/en âne, à/en charentaises… ? Je vous le demande.

À lire ailleurs: « À cheval et en vélo ».

Une réflexion sur “« À vélo » ou « en vélo » ?

  1. Dans le dernier paragraphe, je trouve intéressant d’utiliser « à/en âne » où « à » sonne particulièrement faux à l’oreille, bien qu’il s’agisse d’enfourcher un animal. À noter que je n’ai jamais entendu ni l’un ni l’autre, mais toujours « à dos d’âne ». Cela ne s’applique évidemment pas à la moto, par contre.

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