Coupure de mots

La coupure d’un mot est nécessaire en fin de ligne pour équilibrer l’espacement entre les mots et éviter les lézardes dans un texte justifié. Pour les longues lignes de texte, la coupure est à éviter. Par contre, la césure est souhaitée pour une longueur de ligne moyenne ou petite. Un trait d’union vient alors diviser le mot. Dans les logiciels de mise en page ou de traitements de texte, cette séparation est automatique pour autant que le dictionnaire des coupures est activé.

De temps en temps, il y a lieu d’ajuster ces automatismes ou de les régler pour correspondre aux règles de césure propres à chaque langue. Dans l’exemple ci-dessous (tiré du site Estrepublicain.fr), le paragraphe de gauche contient de nombreux blancs. On peut s’en rendre compte avec l’illustration de droite en plissant les yeux.

Texte justifié avec lézardes

Sur le web, les choses ne sont pas aussi simples. Comme je l’ai déjà écrit[¹], les navigateurs ne disposent pas de dictionnaire interne et la coupure automatique est inexistante. On peut se risquer à séparer les mots manuellement mais il est très difficile de maîtriser le rendu final en raison de la multiplicité des supports: écran d’ordinateur, téléphone portable, iPhone, tablette numérique…

La coupure et ses règles

Le plus souvent, la coupure d’un mot est syllabique. Le mot est séparé entre deux syllabes. Dans les exemples ci-dessous, le trait d’union symbolise une césure admise, contrairement à la barre oblique.

jeu-di
cou-ra-geux
heu-reu-se-ment

On coupe entre deux consonnes identiques.

suc-cès
com-ment
cor-rect

On coupe les mots composés après le trait d’union et uniquement à cet endroit.

cure-dent
sous-sol

Par contre, il est préférable de diviser le mot selon son étymologie: atmo-sphère. De même, on ne coupe pas…

  • avant ou après une apostrophe: aujourd/’/hui
  • un mot de moins de 5 lettres: pa/ge
  • avant ou après les lettres x et y placées entre deux voyelles: ex/amen
  • avant une syllabe finale sonore de moins de 3 lettres, ni avant une syllabe finale muette de 4 lettres: tend/du
  • en cas de coupe douteuse (fes/, con/, cul/ et chi/): il est con/vaincu
  • une abréviation: géo/gra. (géographie)
  • les prénoms et les noms de famille (sauf composés) Lu/cien
  • entre deux voyelles, sauf si l’étymologie le permet: cré-ancier, pro-éminent
  • avant ni après les lettres x ou y placées entre deux voyelles: deu/x/ième
  • entre les consonnes bl, br, ch, cl, cr, dr, fl, fr, gl, gn, gr, pl, pr, th, tr et vr: apost/rophe
  • des mots sur plus de trois fins de lignes consécutives
  • le dernier mot d’une page impaire (à droite)
  • un mot de fin de paragraphe (veuve et orpheline)

À l’inverse, on doit…

  • laisser deux lettres avant la coupure: a/gré-able
  • diviser entre les consonnes doubles d’un mot, sauf dans le cas d’une syllabe muette: com-miss-sion, feuil/le
  • diviser un mot entre les consonnes: bv, cq, ct, mb, ng, , pt, sc, sh, sp et st: des-cendre

Pas de coupure dans les mots des titres

Observez un quotidien papier et ses nombreux titres et sous-titres. Point de césure à l’horizon, même les cas extrêmes. L’éditeur du journal adapte chaque titre (longueur et formatage) en fonction du niveau de visibilité souhaité mais aussi des contraintes de place. Le maquettiste ne se contente pas de coller simplement les titres mais de les adapter pour obtenir un équilibre visuel en évitant les césures de mot.

L’adaptation du contenu papier au web est sensiblement différente. L’outil en ligne se concentre avant tout sur la réactivité et la rapidité de diffusion de l’information. Le contenu prend un circuit rapide de publication et adopte les attributs de formatage de manière automatique. Le maquettiste peut aller se rhabiller. À ma connaissance, seul 20minutes.fr règle la taille de ses titres en une. De plus, l’information est souvent contrainte d’habiter un espace vertical réduit. Fort est de constater qu’il n’y a bien souvent plus aucune recherche de mise en page: titre, sous-titre, contenu, illustration et parfois un complément d’information en colonne. Le Figaro.fr sectionne ses titres par des retraits de paragraphe pour valoriser les mots-clés.

Capture du Figaro
Capture le Figaro

Les séparations

Les règles de coupe énoncent les mots qui peuvent ou non être divisés par un trait d’union pour un texte étroit. Il existe également des règles pour empêcher la séparation entre deux mots. Dans ce cas, il est impératif d’utiliser un espace insécable. On ne sépare pas…

  • le titre de civilité (ainsi que son abréviation) du nom associé: M./Durand
  • le nom du souverain et son numéro dynastique: Louis/XIV
  • les nombres, décimaux ou non, écrits en chiffres: 20/000
  • les nombres écrits en chiffres de son symbole associé: 300/kilomètres
  • une date: 24/juin/1997
  • le mot page (ou son abréviation) de son chiffre qui suit: voir p./324
  • après le 2e trait d’union pour une locution qui en contient deux: c’est-à-/dire
  • une suite mathématique: 4/+/2/=/6
  • les sigles et les acronymes: Unes/co

La césure dans le code HTML

La césure manuelle sur une page web est un pari risqué. Le rendu est certainement correct sur votre écran mais tous les internautes ne visualisent pas vos pages sur le même écran. Du coup, le mot sectionné risque d’apparaître comme un mot composé dans la phrase et perdra tout son sens. Il existe bien un trait d’union conditionnel: ­. Ce trait d’union de l’ombre agit sur le mot en fin de ligne et disparait dès qu’il n’a plus son utilité. Malheureusement (ou heureusement), il n’est pas correctement interprété par tous les navigateurs[²].

Dans certains cas, le trait d’union doit être insécable et ne peut être coupé en fin de ligne (St-Luc, à-propos). Il faut alors remplacer le signe du clavier par le caractère Unicode . Dans la pratique, la démarche est contraignante et il n’existe pas d’astuce ou d’aide pour la contourner.

[¹] À lire aussi: « Le texte se justifie-t-il ? »
[²] À lire aussi: « Traits d’union et tirets »